Polyphony Digital peut se targuer d'être à l'origine de l'une des franchises les plus puissantes de Sony : pour ainsi dire, le premier Gran Turismo est tout simplement le jeu le plus vendu de la PlayStation avec 10,85 millions de ventes. Pourtant, son destin aurait pu être tout autre si le studio avait conservé sa vision d'origine, portée sur un réalisme extrême, sans doute un peu trop.
Depuis son départ de chez Sony en janvier dernier, Shuhei Yoshida ne garde décidément pas sa langue dans sa poche. Il revient régulièrement sur sa longue carrière chez PlayStation avec des anecdotes insolites : il est par exemple revenu sur la Genèse du PSVR (et c'est directement lié à God of War) ou encore sur la considération de ses supérieurs à son égard, qui l'aurait empêché de devenir président de Sony Interactive Entertainment. Dans une interview avec Venture Beat, celui qui était autrefois producteur du temps de la PlayStation 1 a abordé son travail en tant que tel sur Gran Turismo, développé par Polyphony Digital.
Une difficulté revue à la baisse pour le bien de tous
"C'étaient les débuts de la première PlayStation, et Kazunori Yamauchi travaillait sur le tout premier Gran Turismo", explique Yoshida. Yamauchi, à la tête de Polyphony Digital et directeur de tous les Gran Turismo, est connu pour être un véritable féru d'automobile : c'est également un pilote (et un bon) et il a toujours mis à point d'honneur à faire de ses jeux la lettre d'amour la plus passionnée possible aux sports mécaniques. "Vous vous souviendrez que sur la couverture, il était écrit que le jeu était un 'véritable simulateur de conduite' (le fameux slogan 'The Real Driving Simulator', ndlr). Et vous savez, je ne suis pas un concepteur de jeux, je suis avant tout un producteur."

"Pendant le développement, Kazunori Yamauchi m'a montré un prototype de Gran Turismo, et j'ai été parmi les premiers à y jouer. Et pour être honnête, il était très sérieux quand il parlait de simulation ! C'était extrêmement avancé, peut-être même trop", continue Yamauchi. "Mais au début, Kazunori Yamauchi n'a pas pris mes commentaires au sérieux, alors il a réuni une trentaine de consommateurs pour tester le jeu. Et comme je m'y attendais, ils ont tous planté sans exception au premier tour, tellement le gameplay était difficile."
"J'étais au fond de la salle avec Kazunori Yamauchi, lorsqu'il s'est tourné vers moi et m'a confirmé que j'avais raison. C'est là qu'il a conclu et atténué un peu l'aspect purement simulation pour sortir le Gran Turismo que vous connaissez aujourd'hui sur PS1. D'une certaine manière, j'aime à penser que j'ai en partie sauvé le destin de Gran Turismo et que j'ai contribué, pour une part, à son succès."
Une histoire que Yoshida n'avait jamais racontée à quiconque auparavant et qui influera directement sur la réussite commerciale de Gran Turismo. Par la suite, Yamauchi aura eu tout le temps et le désir de peaufiner le gameplay de ses titres pour un réalisme plus ou moins accentué en fonction des paramètres choisis par le joueur. Aujourd'hui, Polyphony Digital est même allé encore plus loin en proposant GT Sophy dans Gran Turismo 7, une intelligence artificielle nouvelle génération basée sur les performances des pilotes et des joueurs, développée conjointement avec la partie Recherche & Développement de Sony.