Résultats de Square Enix : les bénéfices remontent, mais les gros jeux se font rares
Square Enix lance son plan de reboot interne
Après les résultats en forme de feu d'artifice présentés par Koei Tecmo, Konami, Bandai Namco et Capcom, voici que Square Enix monte sur l'estrade d'un pas plus timide. Il faut dire que malgré un joli rebond des bénéfices, la société de Takashi Kiryu reste le gentil petit cancre du moment parmi tous les principaux éditeurs japonais. Mais la voici animée par la volonté de redémarrer sur des bases saines. Les gros jeux dans tout ça ? Ils vont devoir attendre.
Pour l'exercice annuel clos le 31 mars 2025, le chiffre d'affaires de Square Enix est descendu sous la barre des 2 milliards d'euros. Cette baisse de 9% est due aux ventes plus faibles enregistrées par les nouveautés de ces 12 derniers mois, par rapport à celles de Final Fantasy XVI, Final Fantasy VII Rebirth, Final Fantasy Pixel Remaster et Dragon Quest Monsters : Le Prince des Ombres, sortis l'année précédente. En comparaison, le catalogue de Square Enix était porté par Dragon Quest III HD-2D Remake, qui a dépassé les attentes, mais le reste du calendrier était somme toute modeste (SaGa Emerald Beyond, Visions of Mana, Romancing SaGa 2 : Legend of the Seven, Life is Strange : Double Exposure, Fantasian Neo Dimension).
Tout n'est pas noir, cependant : le bénéfice opérationnel s'est offert un rebond de 25% pendant que le bénéfice net a bondi de 64%. Le mérite en revient au segment des jeux sur consoles et PC, qui a retrouvé la rentabilité « principalement grâce à une baisse de l'amortissement des coûts de développement, des dépenses publicitaires, des pertes de valeur sur les contenus par rapport à l'année précédente, ainsi qu'à de meilleures ventes que prévu du jeu Dragon Quest III HD-2D Remake, sorti en novembre 2024 », explique Square Enix.
Naturellement, le segment des MMO est reparti à la hausse grâce au lancement de l'extension Final Fantasy XIV : Dawntrail, en juillet 2024. Le mobile reste en revanche un sujet délicat. «Le chiffre d'affaires et les bénéfices ont diminué par rapport à la même période de l'exercice précédent, malgré le lancement du jeu Emberstoria en novembre 2024. Cette baisse s'explique par la faiblesse des titres existants et par la comptabilisation des redevances durant l'exercice précédent », peut-on lire. Le problème a été identifié depuis déjà un moment : les jeux iOS et Android de Square Enix vieillissent, ferment les uns après les autres et ne sont pas (ou trop peu) remplacés par de nouveaux titres forts.

Entre avril 2024 et mars 2025, Square Enix a vendu 25,45 millions de jeux, dont 20,91 millions en téléchargement. Un an plus tôt, l'éditeur avait écoulé 26,32 millions de jeux, dont 20,19 millions en téléchargement. Sur l'année, le bénéfice opérationnel du jeu vidéo ressort à 206 millions d'euros. Loin d'être anecdotique, le cumul des trois autres activités de Square Enix (arcade, publication de mangas, produits dérivés) représente un bénéfice opérationnel de 150 millions d'euros.
Mais si vous avez trouvé Square Enix un peu trop calme ces derniers mois, attendez-vous à ce que les prochains mois le soient encore plus. Pour l'exercice clos le 31 mars 2026, Square Enix anticipe un chiffre d'affaires de 1,7 milliard d'euros, soit une baisse de 44% par rapport à une année déjà calme.
Dans le doute, reboot
De fait, à compter de cette nouvelle année fiscale, Square Enix démarre officiellement un plan de reboot stratégique de trois ans visant à forger de meilleures bases pour sa croissance à long terme. En gros et comme annoncé précédemment, le mot d'ordre est de miser sur la qualité plutôt que la quantité, d'accélérer sur les grosses licences établies, et de favoriser le développement multiplateforme, en particulier pour les jeux AAA et les franchises majeures. Annoncé seulement sur Switch 2, le remaster de Bravely Default ne semble donc pas faire partie de cette catégorie.
Le PDG Takashi Kiryu entend entend également modifier en profondeur l'organisation interne du groupe et de ses studios de développement pour optimiser la production et le contrôle qualité, sachant que l'intelligence artificielle générative fait partie du processus. « Le groupe a commencé à optimiser les coûts dans ses bureaux en Europe et aux États-Unis par le biais de réformes structurelles. Il prévoit également de promouvoir la collaboration intra-groupe, tant au Japon qu'à l'international, et de renforcer les fonctions de son site de développement à Londres. Par exemple, le groupe entend renforcer la collaboration étroite entre ses divisions au Japon (studios créatifs et édition) et favoriser une plus grande mobilité des talents entre celles-ci et les fonctions d’édition du groupe à l’étranger », peut-on lire.