Warhammer 40,000 : Rogue Trader
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Warhammer 40,000 : Rogue Trader Genre : Jeu de rôles | Licence : Warhammer 40.000 | Éditeur : Owlcat Games | Disponible : 7 décembre 2023

Test : Warhammer 40 000 : Rogue Trader - Massage à la tronçonneuse

40K magic in the air Testé pour PC, PlayStation 5 et Xbox Series X|S

Par Kyujilo ( @KyujiloSenpai ) ,

36 ans, toutes ses dents, des tripes plein l'armure, et pourtant la franchise Warhammer 40 000 de Games Workshop n'avait jamais connu les joies d'une adaptation en RPG digne de ce nom. L'insigne honneur de porter aux nues The Hobby comme l'appellent les fans, incombe à Owlcat Games, groupe d'esthètes du RPG s'il en est, puisque l'on doit au studio basé à Chypre le sympathique Pathfinder : Kingmaker et l'excellent Pathfinder : Wrath of the Righteous. Si le savoir-faire du studio n'est plus à démontrer, restait à savoir s'il n'allait pas s'effondrer sous le poids d'une licence immense, mais engoncée auprès du grand public dans l'image du grand caucasien stéroïdé fracassant de l'alien bariolé en fumant des cigares. Que nenni : les Chypriotes sont parvenus à restituer l'ambiance glauque et brutale de l'univers W40K, tout en écrivant une magnifique lettre d'amour au C-RPG des années 90-2000.

Condition de test :
Test réalisé sur PC à partir d'un code fourni par l'éditeur. Le titre propose de nombreuses options d'accessibilité pour les personnes défaillantes visuelles et souffrant d'altérations de la perception des couleurs.

Warhammer, hères, BG

Baldur's Gate, Icewind Dale, Planescape Torment, Lionheart : Legacy of the Crusader. Voilà, la séance name dropping est terminée, vous pouvez reprendre une activité normale. Oui, ça fait beaucoup de jeux sortis du studio Black Isle. Que voulez-vous, on ne se refait pas. Owlcat Games connaît ses gam(m)es, et il est impensable de jouer à Warhammer 40 000 : Rogue Trader sans sentir l'influence de ces titres titanesques sur leur dernière oeuvre. Les deux Pathfinder fleuraient déjà bon l'hommage aux classiques du C-RPG (jeu de rôle à l'occidentale - pour peu que cette expression ait du sens-, ou Computer-RPG), ce Rogue Trader profite de l'âge vénérable de son matériau de base, et sûrement de l'âge non moins vénérable de ses fans, pour se vautrer dans le foin des classiques des années 90/2000. Vue isométrique, modélisation 3D des personnages, décors pivotables à loisir, immense liberté de choix et de mouvements, tout y est. Mais s'il suffisait de mettre quelques éléments au hasard dans le mixeur pour en sortir une succulente paëlla vidéoludique, on n'aurait pas affaire à tant de navets de pixels. Tout le sel de Rogue Trader, on le doit à des mécaniques finement huilées qui viennent lustrer un univers W40K fidèlement restitué.

Univers qui ne se limite pas à des grosses armures bleues remplies de fanatiques religieux assoiffés de sang qui taillent du carpaccio d'aliens bleus/roses, comme le média JV s'est pourtant évertué à nous le faire croire depuis le Space Crusade de 1992. Vous nous pardonnerez la caricature, mais elle n'est que l'exagération de la réalité. Avec Rogue Trader, direction le space opera dans tout ce qu'il a de plus outrancier. Aux confins d'un univers ravagés par des conflits interespèces, dans les systèmes de Koronus, là où la main de l'homme n'a jamais mis le pied (ou inversement), les Libres-Marchands prospèrent. Leur mission : cartographier les zones inconnues de la galaxie, y apporter la bonne parole de l'Empereur-Dieu (si besoin à coup de bottes dans la mâchoire), collecter ressources et territoires, et s'en mettre plein les poches au passage. Loin d'être une vocation, la fonction de Libre-Marchand est apparue lors de la Grande Croisade de l'Empereur, alors que sa Glorieuse Majesté tentait d'unifier toutes les factions de l'Imperium humain. Le choix a été donné à ses opposants d'explorer l'univers au nom de l'Imperium et de récolter gloires et honneurs (et souvent la mort), ou mourir sous les coups de l'armée impériale. "L'Imperium, tu l'aimes ou tu le quittes" aurait-on dit.

Hasard conçu par un maitre du jeu génial, vous êtes invité par Lady Von Valancius à bord de son vaisseau arpentant les systèmes Koronus. Lointain cousin ou cousine de cette Dame, par le jeu des ascendances génétiques, vous êtes en lice pour hériter de la totalité de ses biens, vaisseaux, garde-robes et comptes en Bitcoin. Il faudra cependant faire vos preuves pour montrer à quel point vous en voulez à son argent, à son titre ou à la Lettre de Marque qui lui octroie son rôle et ses fonctions. Un choix de niveau de difficulté plus tard (de touriste à masochiste), nous voilà à bord d'un vaisseau-monde.

Après avoir choisi votre avatar parmi trois préconçus, ou avoir fait votre tambouille maison pour avoir un personnage sur-mesure grâce à un éditeur de personnage particulièrement complet (choix de la caste, du passé, distribution de points de caractéristiques...), vous débarquez dans l'immense spaceship des Von Valancius. Sans rentrer dans des détails qui divulgâcheraient votre expérience de jeu, sachez que le scénario s'avère riche, dense et complexe. Owlcat Games n'a pas fait les choses à moitié, et il faudra investir entre 30 et 40 heures pour finir le jeu sans prendre de détour (complétistes, comptez plus d'une centaine d'heures pour en voir le bout). Malgré un ventre mou au bout d'une dizaine d'heures, le titre se ressaisit bien vite pour accélerer dans sa seconde moitié, jusqu'à un final virtuose dantesque au possible, digne des plus grands Space Opera. Intrications politiques, trahisons, quêtes questionnant le libre arbitre du joueur, des confins de l'univers jusqu'aux sommets de l'Imperium, vous allez voir du pays. Enfin, du cosmos plutôt. Malgré un enchevêtrement d'intrigues digne d'un Dune, le tout se tient comme un monolithe parfaitement équilibré, soutenu par une qualité d'écriture encore rarement égalée, pour ne pas dire jamais atteinte, dans un jeu vidéo labellisé Warhammer 40K.

Sueurs de Batailles

Rogue Trader est bavard. Très bavard. Pourtant à aucun moment on ne vient à se lasser de sa gouaille. Dans la plus pure tradition du C-RPG, on explorera chaque recoin de notre vaisseau et des planètes qui sont offertes à notre curiosité à grands coups de dialogues avec des PNJ. À ce sujet, les membres de votre équipe ont bénéficié d'un soin tout particulier. S'ils correspondent pour la plupart à des archétypes de PNJ que l'on pourrait attendre d'une exploitation de la licence W40K, il s'avère que chacun d'eux est à sa façon une gueule cassée, physiquement ou psychologiquement. L'univers 40K ne laisse personne indemne. Parmi la petite dizaine de membres recrutables, humains ou pas, - tous solidement incarnés grâce à un doublage très crédible-, Abelard, le Sénéchal profondément humaniste, Cassia, la Navigatrice du vaisseau, Argenta, la Soeur de Bataille (Jeanne d'Arc sous EPO), Idira, la Psyker ayant quelques rayures au casque, tiennent le haut du panier. Ah, et bien sûr, il y a aura parfois de la romance dans l'air (on peut dragouiller trois de nos compagnons, n'espérez pas des speedruns sexuels à la Baldur's Gate 3).

Notre attitude et nos réponses lors des échanges avec nos compagnons ou PNJ façonneront notre alignement, segmenté en trois branches : Imperialis (la foi aveugle en la Bonne Parole de l'Empereur), Hereticus (fricoter avec le Warp et les Forces Impies, c'est sympa), ou Benevolentia (pour ceux qui croient en la bonté des hommes et en leur capacité de rédemption). Le système s'avère plus subtil qu'il n'y parait : certains choix de dialogues sont assez vicieux, et on a tôt fait de se mettre à dos une faction, des membres d'équipage, voire des PNJ forts importants en cliquant un peu vite sur une réponse. Chaque choix crucial augmentera le taux d'affinité avec ces trois branches, ce qui ouvrira de nouvelles voies de dialogue avec les tiers. Pour avoir recommencé quelques passages par curiosité, les conséquences sont vraiment immédiates, avec des répercussions parfois tragiques.

Réfléchir avant de choisir, réfléchir avant d'agir. Tel est le crédo du jeu aussi pour ce qui est des mécaniques de combat. Rogue Trader tient son nom du JDR éponyme, il était donc de bon ton de reprendre les éléments des systèmes papier-crayon Warhammer 40K : du tour par tour tactique, où le système de couverture tient un rôle crucial. Âpres, techniques et exigeants intellectuellement, les affrontements constituent l'un des meilleurs arguments en faveur du jeu. Votre équipe, composée au maximum de six personnages, se déplace sur un damier. Les héros disposent de MP (points de mouvement) et d'AP (points d'action). À chaque tour, en fonction de l'initiative de chacun, on pourra se déplacer, puis enclencher une action. Faire une action directement signifie la perte de votre possibilité de mouvement pour ce tour (sauf quelques cas spécifiques). On prendra soin de se positionner de façon à bénéficier du système de couverture, indispensable pour survivre en milieu hostile. En fonction des lieux, certains points de couverture vous protégeront totalement des dégâts, les diminueront de 50%, ou pas du tout. Comme l'usage du tir ou des capacités à distance sera l'un des enjeux majeurs des affrontements, la maitrise du système de couverture est indispensable. La réminiscence de Dawn of War 2 est réelle, et on ne s'en plaindra pas. En résulte des combats très tactiques, d'autant plus que chaque attaque et skill vient de pair avec un friendly fire qui a tôt fait de transformer vos coéquipiers en dommages collatéraux, le tout dans un feu d'artifice gore du plus bel effet à base de de tripes qui volent en éclat.

Rogue'n'Roll

L'investissement intellectuel lors des combats est tel qu'on en vient presque à être soulagé par l'aspect très dirigiste de la progression de personnages. Le système d'amélioration de talents et de gains de niveaux est très linéaire. Ce qui correspond tout à fait à ce que propose le JdR Rogue Trader, mais va clairement à contre-courant de ce qu'attend l'industrie ou le public de RPG à ce jour. Collant au système d'archétype de W40K, on pourra donner un coup de fouet à nos compagnons de route, grappiller quelques talents passifs ou nouvelles compétences de combats sans avoir un grand choix. Seul votre avatar pourra prétendre à des promotions orientant sa classe vers quelque chose de plus malléable. Ne comptez cependant pas pouvoir transformer votre Psyker en adepte du double Bolter, ou faire de votre Soeur de Bataille une redoutable négociatrice. Les rôles sont cloisonnés et n'ont que peu de variabilité, comme si le Maitre du Jeu qui chapeautait votre aventure ne souhaitait pas vous voir sortir du Droit Chemin.

Un MJ tout aussi salement intentionné quand il s'agit de l'ergonomie de la navigation dans les menus. Si la gestion de l'inventaire est assez claire, quand vient le moment d'aller trifouiller dans les augmentations de statistiques ou les arbres de talents, on sent le poids d'une armure énergétique sur notre frêle carcasse. L'ergonomie a été pensée par un poulpe augmenté psychiquement : par exemple, le système de changement de niveau est anti-pratique, obligeant à plusieurs sélections/validations avant d'obtenir ce qu'on souhaitait, là où un simple double-clic aurait dû suffire. C'est d'autant plus dommage que cela vient parfois empiéter sur le plaisir éprouvé grâce à la variété d'activités proposées par le titre.

Brochette de Champions
Brochette de Champions

De ce point de vue, c'est une véritable orgie de contenu qu'a livré Owlcat Games. Sorti du prologue, il sera possible d'explorer l'immense carte spatiale qui s'offre à vous. Space opera oblige, nous serons même confrontés à des combats spatiaux, avec la possibilité d'améliorer notre vaisseau. On attribuera des rôles spécifiques à 6 de nos comparses pour combattre la vermine de l'espace. Toujours au tour par tour, ces affrontements sont parmi les plus passionnants du jeu. Plus encore que du Star Wars, on a l'impression d'être un Captain Harlock vengeur venu dispenser sa justice sur tout ce qu'il entoure. L'une des plus belles surprises du titre. Et comme si cela ne suffisait pas, entre deux missions, on se livrera à la colonisation de planètes. Chaque colonie produira des ressources particulières, que l'on pourra vendre/acquérir/exploiter en vue de s'en mettre plein les poches. Un menu spécifique est dédié à cette fonctionnalité qui s'avère immédiatement très chronophage dès qu'on y met les cordons de sa bourse.

Les experts en économie (après tout, ne sommes pas des Marchands ?) iront également s'adonner à la gestion du chargement du vaisseau. Lorsque vous récupérez du butin, sur les cadavres de vos ennemis ou au cours de l'exploration, vous pouvez le conserver dans votre inventaire, ou l'ajouter dans la cargaison du vaisseau. Une fois certains types de cargaisons plein à craquer, il est possible de les revendre à des factions précises. Cette vente accroit notre réputation, nous donnant ainsi accès à de nouveaux produits à la vente. Sachant que certaines ressources ne sont accessibles que par l'exploitation des colonies... Tout se recoupe.

Si vous êtes amateurs de plaisir en duo, Warhammer 40 000 : Rogue Trader dispose de la possibilité de jouer la campagne à deux via un système de drop-in drop-out efficace et très flexible. Chaque début de partie en coopération génère un code de connexion et une sauvegarde spécifique. Si votre compagnon débute une partie avec vous, en se déconnectant, il pourra tout de même poursuivre la partie de son côté. Une fonctionnalité disponible sur PC dès le lancement du titre, mais qui n'arrivera que plus tardivement sur consoles. On déplorera quelques soucis techniques lors de ces parties à deux, avec quelques freezes intempestifs.

Technique qui est d'ailleurs loin d'être irréprochable sur l'ensemble du titre. Malgré une direction artistique volontairement sombre et glauque, donnant la part belle à des constructions et architectures aux tailles démentielles, il faut bien avouer que l'on retrouve souvent les mêmes assets de décors ou d'éléments recyclés de-ci de-là. Des soucis de pathfinding sont aussi venus nous casser les pieds lors de l'exploration. Quant au vrai bémol, il s'agit de la faiblesse de détail des modèles 3D (héros, PNJ ou monstres), qui embaume le C-RPG début 2000, en un peu plus lisse tout de même. On dira que cela contribue au charme du jeu, à la fois sublimation d'une licence déjà surexploitée en un produit de qualité, et petite machine à remonter le temps vers une adolescence oubliée.

Labellisé par :

  • Kyujilo Kyujilo

Verdict PC, PlayStation 5 et Xbox Series X|S

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