CD Projekt revient sur le nom prévu pour The Witcher 3 (et ce n'était pas "Wild Hunt")
Dis Ciri, comment appeler mon jeu ?
Le moins que l'on puisse dire, c'est que CD Projekt a formidablement bien réussi son coup avec The Witcher III. On parle d'un jeu de tous les records qui a fait exploser la renommée du studio, mais aussi de la franchise au point de faciliter son export sur Netflix (pour devenir l'une des séries les plus regardées de l'histoire). Pourtant, ce n'était pas gagné.
L'air de rien, choisir le titre adapté pour un jeu vidéo est un véritable casse-tête : malgré l'avantage de CD Projekt à disposer déjà d'un nom tout beau tout prêt, à savoir "The Witcher", il fallait encore trouver un sous-titre au troisième épisode. Si "The Witcher III : Wild Hunt" est aujourd'hui bien rentré dans les moeurs, les développeurs polonais ont brainstormé pendant un bon moment dans les couloirs du studio avant de se mettre d'accord.
En chasse sauvage du titre parfait
"Pendant un moment, il y a eu The Witcher 3 : Northern Lights", explique Micah Platkow-Gilewski, vice-président de la communication et des relations publiques de CD Projekt, à Eurogamer. "Il n'a même jamais été intégré à un logo, mais sur un tableau blanc, il était là pendant un bon moment. J'ai bien aimé Northern Lights".
Puis, la firme a embrayé sur un autre titre, "A Time of Axe and Sword", qu'elle a réellement pensé être "le bon" avant de se rendre compte qu'il était un peu trop long à prononcer. "C'est pour ça qu'il est mort si vite. Mais je me souviens avoir créé un document avec le nom définitif, et c'était le nom définitif. Avec quelques collègues, nous parions sur sa durée de vie en interne. Ça n'a pas duré longtemps. On a donc réfléchi au nom, et dès qu'on a découvert Wild Hunt…"
Comme vous pouvez le prédire assez facilement, c'est donc "Wild Hunt" qui fut retenu. Il cochait en réalité toutes les cases : non seulement il faisait directement référence à la Chasse Sauvage du jeu et se voulait donc pertinent, mais il était suffisamment impactant auprès des joueurs qui n'avaient jamais touché à The Witcher.
Le souci du détail
Et sur ce point, Platkow-Gilewski soulève quelque chose d'intéressant. À cette époque, les deux jeux The Witcher avaient eu leur succès, mais étaient surtout pensés pour la sphère PC malgré un portage de The Witcher 2 sur Xbox 360 en 2012. Pour ainsi dire, on comptait cinq millions de ventes au total en 2013 pour toute la saga : rien à voir avec la puissance considérable d'une marque que tout le monde s'arrache aujourd'hui.
The Witcher 3 allait en revanche sortir directement sur PC et consoles, et donc toucher un nouveau public : les joueurs PS4 et Xbox One découvraient potentiellement la saga pour la première fois et c'était, en quelque sorte, un frein à l'achat. Tous les opus précédents n'avaient pas été portés (c'était même un zéro pointé chez PlayStation) et s'enfoncer dans un action-RPG aussi dense et narratif en cours de route, c'était prendre le risque de se faire larguer par un train lancé à toute vitesse.
Il fallait donc trouver un sous-titre accrocheur, mais surtout se questionner sur la légitimité du chiffre "3", qui allait indiquer aux joueurs qu'ils avaient loupé les deux premiers jeux. De quoi se tirer une balle dans le pied : "nous avons décidé, en plein milieu de la campagne, face à toutes ces interrogations, de remplacer le "3" par ces marques du casque d'Eredin au centre du logo", a expliqué Platkow-Gilewski. Un geste définitivement malin : le "trois" apparait alors en chiffre romain, mais suffisamment stylisé pour se fondre dans le décor, apporter du contexte et ne pas rebuter les néophytes.

Résultat des courses : The Witcher III : Wild Hunt fut un succès critique colossal, mais également une réussite commerciale monstrueuse avec pas moins de soixante millions de ventes au compteur à lui tout seul. Il y a quelques jours, une démo technique bluffante de l'Unreal Engine 5 dans l'univers de The Witcher IV est également venue donner l'eau à la bouche.